Domont - đ° Nouveau destin pour la maison de la Tourelle đ°
Acquise par la Ville en 2003, cette maison emblĂ©matique du patrimoine domontois accueillera dâici trois ans un musĂ©e dâhistoire locale dĂ©diĂ© aux briqueteries et servira de cadre Ă lâorganisation dâexpositions ou dâateliers Ă caractĂšre culturel. Son parc sera, quant Ă lui, ouvert Ă la promenade au printemps. Les travaux dâamĂ©nagement viennent de dĂ©buter, premiĂšre Ă©tape dâun projet de valorisation inscrit au programme de la municipalitĂ© pour cette nouvelle mandature 2020-2026.
VISIBILITĂ ET OUVERTURE AU PUBLIC
Câest lâobjectif des premiers travaux entrepris sur le site de la Maison de la Tourelle il y a quelques semaines. Les services techniques ont, dans un premier temps, procĂ©dĂ© Ă lâĂ©lagage des arbres et vĂ©gĂ©taux dans le jardin de la propriĂ©tĂ©, offrant une plus grande visibilitĂ© sur cette bĂątisse de caractĂšre, construite au dĂ©but du XXe siĂšcle par lâun des membres de la famille Censier dont le nom est intimement rattachĂ© Ă la pĂ©riode de prospĂ©ritĂ© des briqueteries de Domont, au siĂšcle dernier.
Cette premiĂšre phase va se poursuivre avec lâamĂ©nagement du parc de la propriĂ©tĂ© en vue de son ouverture au public. «âŻCe beau jardin permettra de faire une pause agrĂ©able entre les arbres, en plein cĆur de DomontâŻÂ», indique Alix Lesboueyries, Maire-Adjoint dĂ©lĂ©guĂ©e Ă la Culture. Et d'ajouter : «âŻNous pourrons aussi y proposer des animations en plein air, telles que des sĂ©ances "Hors les murs" par la mĂ©diathĂšque.âŻÂ»
RĂFECTION DES ABORDS
Pour ce faire, le mur de clĂŽture de la maison sera entiĂšrement rĂ©novĂ© et dotĂ©, sur lâensemble du pourtour, dâune grille identique Ă celle situĂ©e en façade de lâavenue Jean JaurĂšs. Pas question de dĂ©roger Ă lâutilisation de la brique traditionnelle. La section du mur situĂ©e du cĂŽtĂ© du marchĂ© sera construite Ă lâaide de briques rĂ©cupĂ©rĂ©es du cĂŽtĂ© de la mĂ©diathĂšque, voire de matĂ©riaux de caractĂšre rĂ©cupĂ©rĂ©s dans le cadre de la dĂ©molition des anciennes maisons en brique du quartier.
De part et dâautre, deux portails permettront lâaccĂšs au jardin ainsi quâĂ un petit chemin traversant. La propriĂ©tĂ©, jusquâĂ prĂ©sent dissimulĂ©e Ă la vue des passants, rĂ©vĂ©lera ainsi tout son charme grĂące Ă cet amĂ©nagement respectueux de lâidentitĂ© de cette maison.
MUSĂE DE LA BRIQUE
VoilĂ pour la premiĂšre phase de ce projet qui sera bouclĂ©e au printemps prochain. Mais la finalitĂ©, câest la transformation de cette propriĂ©tĂ© communale en nouvel espace Ă vocation culturelle. «âŻOn en parle depuis des annĂ©es, cette fois, câest actĂ©, nous allons crĂ©er le MusĂ©e de la Brique qui trouvera sa place dans les salles de cette maisonâŻÂ», annonce Alix Lesboueyries. LâidĂ©e de ce musĂ©e Ă©tait nĂ©e au tout dĂ©but des annĂ©es 2000, dans le cadre dâune exposition alors consacrĂ©e Ă lâhistoire des briqueteries de Domont, Ă lâinitiative dâun groupe de bĂ©nĂ©voles sous lâĂ©gide de Daniel Baduel.
« Nous disposons dâune base importante de documents et dâobjets qui seront rĂ©unis et mis en valeur au sein de ce petit musĂ©e. Ce sera une fenĂȘtre ouverte en permanence sur une pĂ©riode attachante de lâhistoire de Domont, Ă destination des visiteurs, des nouveaux habitants et des scolaires. »
Pas de quoi cependant occuper toutes les piĂšces de la grande bĂątisse. Plusieurs salles seront rĂ©servĂ©es Ă des activitĂ©s et Ă©vĂ©nements municipaux ou associatifs, tels que des expositions, des confĂ©rences, des ateliers.Â
Ces espaces seront directement gérés par les services de la Ville, ou confiés à des associations locales porteuses de projets.
UN MUSĂE POUR TRANSMETTRE LA MĂMOIRE DU PASSĂ
Daniel Baduel, historien des briqueteries du Val-dâOise
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Si l'on s'intĂ©resse Ă lâhistoire des briqueteries de Domont, on peut faire appel Ă la mĂ©moire des anciens et puiser dans la collection dâobjets et de documents constituĂ©e pendant trente ans par Daniel Baduel, lâhistorien des briqueteries et tuileries du Val-dâOise. Rencontre.
Daniel Baduel, vous ĂȘtes Ă lâorigine de cette idĂ©e dâun musĂ©e de la brique Ă Domont. Racontez-nous votre parcours dâhistorien des briqueteries.
Tout a commencĂ© Ă la fin des annĂ©es 90 lorsque jâai assistĂ© Ă la dĂ©molition dâune des derniĂšres briqueteries du territoire Ă Belloy-en-France. Jâai alors dĂ©couvert que lâon Ă©tait en train dâeffacer toute trace dâune activitĂ© Ă©conomique qui avait profondĂ©ment marquĂ© la vie sociale et Ă©conomique des communes de la rĂ©gion, dans lâindiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale. Jâai alors entrepris des recherches pour reconstituer lâhistoire de ces briqueteries partout dans le Val-dâOise et particuliĂšrement sur le secteur de Domont, qui Ă©tait lâun des centres les plus actifs de cette industrie au dĂ©but du XXe siĂšcle.
Ă quand remonte lâĂ©popĂ©e des briquetiers dans la rĂ©gionâ?
Le point de dĂ©part, câest incontestablement la construction de la premiĂšre grande briqueterie de notre territoire Ă Sarcelles, en 1858, Ă lâinitiative de Louis Censier. Cet industriel venu du dĂ©partement voisin de lâOise est Ă lâorigine de ce rĂ©seau de briqueteries qui sâest ensuite Ă©tendu aux villes voisines de Domont aux Vinciennes, Saint-Brice-sous-ForĂȘt, Ăzanville, Belloy-en-France. Ce sont les fils de Louis Censier qui ont ensuite dĂ©veloppĂ© lâactivitĂ©, nouant Ă©galement des alliances avec dâautres producteurs, par le jeu de mariages. Ă lâĂąge dâor de cette industrie, entre les deux Guerres mondiales, les 6 grandes briqueteries de la rĂ©gion Ă©taient toutes liĂ©es Ă la famille Censier.
Pourquoi la rĂ©gion a-t-elle vu prospĂ©rer cette industrieâ?
Ă cause dâune matiĂšre premiĂšre abondante et de qualitĂ©, le limon des plateaux, que les ouvriers extrayaient sur place et transformaient en briques de construction. Un travail difficile qui mettait Ă contribution des familles entiĂšres, hommes, femmes et enfants sur une saison dâenviron 7 mois de mars Ă octobre, 12 heures par jour, afin de profiter des tempĂ©ratures les plus chaudes pour sĂ©cher naturellement les briques avant cuisson. Entre les deux guerres, cette activitĂ© alors florissante avait attirĂ© un grand nombre de familles italiennes, venues du Frioul, qui se sont Ă©tablies dans la rĂ©gion, souvent logĂ©es par leurs patrons. Ces derniers sâentendaient Ă lâautomne avec les producteurs de betteraves pour donner du travail Ă leurs ouvriers une fois les fours des briqueteries Ă©teints.Â
Câest ainsi que cette communautĂ© des briques sâest durablement implantĂ©e sur le territoire. Des gens travailleurs, courageux, dont les descendants sont toujours lĂ .
Quâavez-vous fait des tĂ©moignages, des documents collectĂ©s au fil de vos recherchesâ?
Un livreâ! Briqueteries et tuileries disparues du Val-dâOise a Ă©tĂ© publiĂ© en 2002 et a connu un rĂ©el succĂšs dans notre dĂ©partement. Ce travail a ensuite donnĂ© lieu Ă plusieurs expositions, dans les anciennes communes briquetiĂšres, dont Domont, en 2003. Câest au cours de cette exposition quâest dâailleurs nĂ©e lâidĂ©e dâun musĂ©e de la brique.
Ce musĂ©e de la brique, vous en avez rĂȘvĂ©. Que vous inspire lâinitiative de la Ville de Domont qui prend corps aujourdâhuiâ?
Beaucoup de joie. En raison du lieu tout dâabord, cette Maison de la Tourelle toute en brique, construite par un Censier. Le lieu idĂ©al pour ce musĂ©e qui protĂ©gera dĂ©finitivement cette belle maison, tĂ©moin du passĂ©. Ensuite parce que les objets que jâai collectĂ©s et conservĂ©s, les documents, les photos, les courriers, nâont aucune rĂ©elle valeur. Leur seule valeur, câest dâĂȘtre un support de la mĂ©moire, dans un musĂ©e, seul moyen de transmettre cette histoire aux gĂ©nĂ©rations futures. Mon travail est un hommage Ă ces courageux ouvriers et ouvriĂšres des briqueteries, Ă ces industriels dâautrefois, inventifs et entreprenants, qui ne tomberont pas dans lâoubli.
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